Partager

 

Synthèse de « Comment gĂ©rer les personnalitĂ©s difficiles Â» de François Lelord et Christophe AndrĂ©, Ă©ditions Odile Jacob, 2000

Notre profession nous amène inévitablement à rencontrer des personnalités difficiles, et ce ne sont pas forcément celles-ci qui consultent des psys. 10 à 15% de la population générale ont des personnalités difficiles. La psychiatrie ne s’intéresse à eux que depuis peu, car ces patients sont difficiles à soigner.

Dans le langage courant, « personnalitĂ© Â» et « caractère Â» se confondent : il s’agit des manières habituelles dont un individu se perçoit, perçoit son environnement, se comporte et rĂ©agit. Il faut par contre diffĂ©rencier trait (caractĂ©ristique constante) de caractère, Ă©tat passager, trait de personnalitĂ© et Ă©tat.

Depuis l’Antiquité, on cherche à classer les individus. A la classification d’Hippocrate (sanguin/lymphatique/bilieux/mélancolique) succède en 1925 celle d’Ernst Kretschmer (pycnique/leptosome/athlétique/dysplasique). Dans les deux cas, c’est très restrictif.

L’approche dimensionnelle de la personnalitĂ© (contrairement Ă  l’approche catĂ©gorielle)  consiste Ă  apprĂ©hender les qualitĂ©s (ou caractĂ©ristiques) d’un individu. C’est le champ de la psychomĂ©trie (approche quantitative de la personnalitĂ©). L’un des pionniers de cette science fut R. B. Catell, qui appliqua la statistique Ă  la psychologie et aboutit Ă  isoler 16 traits de personnalitĂ© (les 16PF) :

  • en retrait/sociable
  • moins intelligent/plus intelligent
  • instable Ă©motionnellement/stable Ă©motionnellement
  • soumis/dominant
  • rĂ©servĂ©/enthousiaste
  • opportuniste/consciencieux
  • timide/sans inhibition
  • endurant/dĂ©licat
  • confiant/mĂ©fiant
  • pratique/imaginatif
  • franc/sournois
  • placide/apprĂ©hensif
  • conservateur/radical
  • dĂ©pendant/indĂ©pendant
  • manquant de contrĂ´le/maĂ®tre de soi
  • dĂ©contractĂ©/tendu

On évalue chaque individu par une note, entre ces deux caractéristiques extrêmes.

Le test le plus utilisĂ© au monde est le MMPI (Minnesota Multiphasic Personality Inventory), de Hattaway et Makinley. ModernisĂ©e par Eysenck, la mĂ©thode classe les personnalitĂ©s selon deux grands axes : un axe introversion/extraversion et un axe neuroticisme (anxiĂ©tĂ©, tristesse, remords)/stabilitĂ©. Eysenck rajoute une troisième dimension : le psychoticisme (froideur, agressivitĂ©, impulsivitĂ©, Ă©gocentrisme). L’inconvĂ©nient de la mĂ©thode d’Eysenck est qu’elle ne permet pas de faire des diffĂ©renciations assez fines des personnalitĂ©s Ă  problèmes.

Robert Cloninger a proposé une autre méthode, qui différencie 7 composantes de la personnalité. Ces 7 dimensions comprennent 4 dimensions de tempérament (recherche de la nouveauté, évitement de la punition, dépendance à la récompense et persistance) et 3 dimensions de caractère. Ces dernières, influencées par des expériences éducatives, sont l’autocontrôle (capacité à se fixer des buts), la coopération (empathie, altruisme…) et l’autotranscendance (sensation d’appartenance au monde, vision plus spiritualiste que matérialiste). Avec ce modèle, tout est scientifiquement vérifiable. Mais il sera probablement remplacé un jour, comme tous les vrais modèles scientifiques.

Une personnalité est difficile quand certains traits de caractère sont trop marqués, figés, inadaptés aux situations ou entraînant une souffrance (pour soi-même ou autrui).

Ici, on a opté pour un choix de douze grands types de personnalités difficiles. Il s’agit de les identifier, de les comprendre et d’accepter leur existence pour mieux s’en protéger.

Chapitre 1 : les personnalitĂ©s anxieuses

La personnalitĂ© anxieuse se soucie avec excès ou trop frĂ©quemment des risques de la vie quotidienne pour elle-mĂŞme ou ses proches. Sa tension physique est souvent excessive. Elle guette en permanence tout ce qui pourrait mal tourner et cherche Ă  contrĂ´ler des situations Ă  faible risque. Pour elle, « le monde est un endroit dangereux oĂą une catastrophe peut toujours arriver Â». C’est sa première croyance. Mais lĂ  oĂą un dĂ©pressif ferait le dos rond, l’anxieux cherche Ă  contrĂ´ler la situation. Sa deuxième croyance est en effet que « en faisant très attention, on peut empĂŞcher la plupart des incidents ou accidents Â». Le « système d’alarme Â» de ces personnes est un peu trop sensible. L’avantage avec ces personnes, c’est qu’elles sont souvent très consciencieuses dans le travail. L’inconvĂ©nient, c’est que, toujours sur le qui-vive, elles souffrent et se fatiguent.

Vous avez des traits de personnalité anxieuse si penser à des soucis vous empêche souvent de dormir, si risquer de rater votre train vous angoisse beaucoup, si on vous reproche souvent de vous faire du souci pour tout, si vous remplissez toujours vos obligations (factures, impôts etc.) au plus vite, si vous imaginez l’accident à chaque fois que quelqu’un est en retard, si vous vérifiez plusieurs fois horaires de trains, réservations et heures de rendez-vous, si vous vous rendez souvent compte a posteriori que vous vous êtes fait trop de souci, si vous vous sentez parfois obligé.e de prendre un tranquillisant dans la journée, si vous avez des palpitations quand vous êtes surpris ou si vous êtes parfois tendu.e sans savoir pourquoi.

L’anxiĂ©tĂ© peut devenir une maladie : c’est le trouble anxieux gĂ©nĂ©ralisĂ©. Aux soucis excessifs ou injustifiĂ©s s’ajoutent une hyperactivitĂ© du système nerveux vĂ©gĂ©tatif, une tension musculaire et une exploration hypervigilante de l’environnement. PsychothĂ©rapies (surtout cognitives et comportementales) et mĂ©dicaments (anxiolytiques et/ou antidĂ©presseurs) sont alors nĂ©cessaires, ces traitements pouvant aussi ĂŞtre administrĂ©s Ă  une personnalitĂ© anxieuse sans trouble anxieux gĂ©nĂ©ralisĂ©.

Les causes de l’anxiété n’étant pas bien connues, il est difficile de traiter autre chose que les symptômes. L’hérédité semble jouer un rôle, de même que la fréquence des ruptures, déménagements, deuils, changements de travail etc. Nous conseillons de consulter trois thérapeutes d’écoles différentes avant d’en choisir un. La psychanalyse ne nous semble pas forcément indiquée.

L’anxiété (en cas d’examen, de prise de parole en public etc.) est une émotion normale qui peut être soit un stimulant (on se prépare bien à la situation), soit un frein (on évite la situation). Les anxieux existent parce qu’ils sont parmi ceux qui ont le plus survécu à la sélection naturelle (dans l’approche évolutionniste). Dans une équipe, l’anxieux peut être le garde-fou.

Pour gérer une personnalité anxieuse, il faut montrer qu’on est fiable, l’aider à relativiser, pratiquer un humour gentil (ne pas se moquer), et l’inciter à consulter. Il ne faut pas se laisser mettre en esclavage, la surprendre, lui faire partager inutilement nos propres sujets d’inquiétude et éviter les sujets de conversation pénibles. Quand on a un patron anxieux, il faut devenir pour lui un signal rassurant. Si nos collègues ou collaborateurs sont anxieux, sachons utiliser leurs qualités de prévision et de préparation.

Chapitre 2 : les personnalitĂ©s paranoĂŻaques

La personnalitĂ© paranoĂŻaque est mĂ©fiante : elle suspecte les autres de mauvaises intentions Ă  son Ă©gard, elle reste toujours sur ses gardes et très attentive Ă  ce qu’il se passe autour d’elle. Elle ne se confie pas, est suspicieuse. Elle met en doute la loyautĂ© des autres, mĂŞme de ses proches. Elle est souvent jalouse. Elle recherche activement et dans le dĂ©tail les preuves de ses soupçons, sans tenir compte de la situation d’ensemble. Elle est prĂŞte Ă  des reprĂ©sailles disproportionnĂ©es si elle se sent offensĂ©e. Elle est prĂ©occupĂ©e par ses droits et les questions de prĂ©sĂ©ance et se sent facilement offensĂ©e. C’est aussi une personne rigide qui se montre rationnelle, froide, logique, et rĂ©siste fermement aux arguments des autres. Elle a du mal Ă  montrer tendresse et Ă©motions positives, et a peu d’humour.

Son axiome de base est « Le monde est plein de filous et de mĂ©chants qui m’obligent Ă  rester toujours sur mes gardes Â». Les dictateurs (comme Staline, Hitler ou François Duvalier –« Papa Doc Â»- par exemple) sont des personnalitĂ©s paranoĂŻaques. Selon les ennemis qu’ils se choisissent, les paranoĂŻaques sont des hĂ©ros ou des criminels. Ils font en tout cas souvent l’Histoire.

Les personnalitĂ©s « sensitives Â», qui ont un sentiment de faiblesse personnelle, ont une forme discrète de paranoĂŻa : elle se sentent facilement menacĂ©es par les autres. Elles sont mĂ©fiantes, susceptibles et d’humeur triste.

Vous avez des traits de personnalitĂ© paranoĂŻaque si vous supportez mal qu’on fasse des plaisanteries Ă  votre Ă©gard, si vous vous ĂŞtes dĂ©jĂ  dĂ©finitivement brouillĂ©.e avec plusieurs personnes parce que vous estimiez qu’elles s’étaient mal conduites Ă  votre Ă©gard, si vous avez tendance Ă  vous mĂ©fier des nouvelles connaissances, si vous croyez qu’« on a souvent plus d’ennemis que ce qu’on pense Â», si vous avez peur que ce que vous confiez Ă  quelqu’un se retourne contre vous, si on vous reproche d’être mĂ©fiant.e, si vous pensez que pour s’en tirer dans la vie il faut ĂŞtre dur et inflexible, si vous vous dites que c’est par intĂ©rĂŞt qu’on donne l’air de vous apprĂ©cier, si vous pensez souvent Ă  tous ceux que vous aimeriez punir pour leurs mauvaises actions… et si la lecture mĂŞme de ce paragraphe vous met mal Ă  l’aise.

Traitement neuroleptique ou antidépresseur et psychothérapie peuvent être d’un grand secours. Hélas, les personnes atteintes ne se considèrent presque jamais comme malades.

La paranoïa est utile lorsqu’il faut être inflexible dans l’application de la loi (policier, juge…), quand il faut défendre ses droits dans un conflit, quand il faut faire face à des adversaires potentiellement retors et dangereux (police, douane, services antiterroristes…). Mais elle devient maladie quand elle dépasse le stade de l’interprétation erronée et verse dans le délire de persécution.

Face à une personnalité paranoïaque, il faut exprimer clairement ses motifs et intentions, respecter scrupuleusement les formes, maintenir un contact régulier, faire référence aux lois et règlements, lui laisser quelques petites victoires choisies et chercher des alliances ailleurs. Il ne faut pas renoncer à éclaircir les malentendus, attaquer l’image qu’elle a d’elle-même (il faut critiquer le comportement, pas la personne elle-même), se mettre en faute, la médire (elle le saura), discuter politique. Il ne faut pas non plus devenir paranoïaque soi-même.

Si on a un chef paranoïaque dont on ne peut pas changer, mieux vaut jouer les serviteurs fidèles. Si ce sont nos collègues ou nos collaborateurs, il est conseillé de se protéger juridiquement.

Chapitre 3 : les personnalités histrioniques

« Histrionique Â» vient du latin histrio, « acteur de théâtre Â». Ces personnalitĂ©s cherchent Ă  attirer l’attention des autres et supportent mal les situations oĂą elles ne sont pas l’objet de l’attention gĂ©nĂ©rale. Elles recherchent intensĂ©ment l’affection de leur entourage. Elles dramatisent l’expression de leurs Ă©motions, lesquelles changent très rapidement. Leur discours, manquant de prĂ©cision et de dĂ©tails, est de type Ă©motionnel, Ă©voquant des impressions. Elles ont tendance Ă  idĂ©aliser ou au contraire Ă  dĂ©valuer exagĂ©rĂ©ment les personnes de leur entourage. Elles sont peu douĂ©es pour l’auto-observation et se trompent souvent sur la nature de leurs Ă©motions. Elles paraissent souvent captivantes, mais leurs changements d’humeur, leurs dĂ©monstrations excessives d’émotions et leur soif d’attention finissent souvent par lasser.

Vous avez des traits de personnalitĂ© histrioniques si le regard des autres vous stimule, si on vous reproche parfois de « faire votre cinĂ©ma Â», si vous ĂŞtes facilement Ă©mu.e, si vous adorez sĂ©duire (mĂŞme sans aller plus loin), si vous pensez que pour ĂŞtre aidĂ©.e il faut charmer, si vous vous sentez mal Ă  l’aise dans un groupe oĂą personne ne fait attention Ă  vous, si vous avez tendance Ă  tomber amoureux de personnes distantes ou inaccessibles, si vous vous habillez de façon trop excentrique ou provocante, si vous vous Ă©vanouissez parfois dans les situations embarrassantes ou si vous vous demandez souvent quel effet vous produisez sur autrui.

Avant 1980, dans la classification amĂ©ricaine DSM-III des troubles psychologiques, on parlait de « personnalitĂ© hystĂ©rique Â» (du grec husteros, utĂ©rus). Freud a bâti les fondements de sa thĂ©orie d’après les observations de ses patientes « hystĂ©riques Â». Jusqu’au XIXème siècle, on parlait de « fureur utĂ©rine Â» et on attribuait ce type de personnalitĂ© (besoin de plaire, humeur changeante, recherche d’aide) aux femmes. Le terme « hystĂ©rique Â» est aujourd’hui devenu insultant. Hommes comme femmes peuvent avoir des personnalitĂ©s histrioniques, mĂŞme si les femmes sont plus nombreuses (deux tiers contre un). Mais le contexte culturel joue aussi : Ă  cĂ´tĂ© d’un SuĂ©dois, un Italien du sud paraĂ®t « histrionique Â»â€¦

Acteurs, avocats, hommes politiques, publicitaires et gens de médias sont souvent des histrioniques.

Pour gĂ©rer les personnalitĂ©s histrioniques, il faut tout d’abord s’attendre Ă  de l’excès et Ă  de la dramatisation, et Ă  passer soi-mĂŞme du statut de hĂ©ros Ă  celui de minable. On peut leur laisser « une scène Â» de temps en temps, mais en fixant des limites. Il faut leur tĂ©moigner de l’intĂ©rĂŞt quand elles se comportent normalement. Il ne faut pas se moquer d’elles, se laisser Ă©mouvoir par leurs tentatives de sĂ©ductions (souvent superficielles) et ne pas se laisser trop attendrir. Si votre collègue ou votre collaborateur est un histrionique, gardez vos distances : il vous idĂ©alisera. Si c’est votre patron, restez vous-mĂŞmes, mĂŞme s’il vous demande le contraire.

Chapitre 4 : les personnalitĂ©s obsessionnelles

La personnalitĂ© obsessionnelle est perfectionniste : elle est exagĂ©rĂ©ment attentive aux dĂ©tails, aux procĂ©dures, au rangement et Ă  l’organisation, souvent au dĂ©triment du rĂ©sultat final. Elle est obstinĂ©e : tĂŞtue, elle insiste obstinĂ©ment pour que les choses soient faites comme elle l’entend et selon les règles. Elle peine Ă  exprimer des Ă©motions chaleureuses. Elle est souvent très formelle, froide et embarrassĂ©e froideur relationnelle). Elle a du mal Ă  prendre des dĂ©cisions par peur de commettre une erreur. Elle tergiverse et ratiocine exagĂ©rĂ©ment. ExtrĂŞmement consciencieuse et scrupuleuse, elle fait preuve d’une très grande rigueur morale. Pour elle, « Tout irait mieux si on respectait les règles Â», « Si quelque chose n’est pas parfait Ă  100%, c’est l’échec complet Â» et « Les gens ne sont pas fiables, il faut toujours vĂ©rifier ce qu’ils font Â».

Vous avez des traits de personnalité obsessionnels si vous passez beaucoup de temps à ranger et à vérifier, si vous aimez exposer vos idées dans l’ordre dans une conversation, si on vous reproche d’être trop perfectionniste, s’il vous est déjà arrivé de rater quelque chose parce que vous étiez trop concentré.e sur les détails, si vous supportez très mal le désordre, si dans un travail d’équipe vous avez tendance à vous sentir responsable du résultat final, si les cadeaux vous mettent mal à l’aise et vous donnent l’impression de vous sentir en dette, si on vous reproche d’être pingre, si vous avez du mal à jeter les choses et si vous aimez tenir votre comptabilité personnelle.

Les obsessions peuvent devenir de vraies maladies : le TOC (Trouble obsessionnel compulsif), qui astreint les personnes atteintes Ă  des rituels de rangement, de lavage et de vĂ©rifications et Ă  des pensĂ©es obsĂ©dantes involontaires assorties sur ces thèmes (propretĂ©, perfection, culpabilitĂ©). L’obsession devient TOC quand obsessions et rituels dĂ©passent une heure par jour. Attention, la plupart des personnalitĂ©s obsessionnelles ne souffrira jamais de TOC, et entre 50 et 80% des patients atteints de TOC n’ont pas des personnalitĂ©s obsessionnelles.

Les antidépresseurs agissant sur la sérotonine sont efficaces contre les TOC (et même pour aider les personnalités obsessionnelles n’ayant pas de TOC). Si le patient souffre, que le médicament est efficace sur lui et que le patient est bien informé des avantages et des inconvénients du traitement, il ne faut pas s’en priver. S’ils sont associés à une thérapie comportementale, c’est encore mieux.

La société devenant de plus en plus obsessionnelle, les obsessionnels y ont leur place. Dans une équipe de travail, la présence d’un obsessionnel bien choisi est la garantie de la qualité du résultat final.

Pour gĂ©rer les personnalitĂ©s obsessionnelles, il faut leur montrer que leur sens de l’ordre et de la rigueur est apprĂ©ciĂ©, respecter leur besoin de prĂ©voir et d’organiser, leur faire des critiques prĂ©cises et quantifiĂ©es quand elles vont trop loin, se montrer fiable et prĂ©visible, leur faire dĂ©couvrir les joies de la dĂ©tente et leur donner des tâches Ă  leur mesure, oĂą leurs « dĂ©fauts Â» seront des qualitĂ©s. Par contre, il ne faut pas ironiser sur leurs manies, se laisser entraĂ®ner dans leur système et ne pas non plus les embarrasser de trop de signes d’affection, de reconnaissance ou de cadeaux.

Si votre collègue ou votre collaborateur est un obsessionnel, chargez-le des contrôles et des finitions, et annoncez-lui à l’avance la durée des entretiens.

Chapitre 5 : les personnalitĂ©s narcissiques

La personnalitĂ© narcissique a le sentiment d’être exceptionnelle et de mĂ©riter plus que les autres. Elle est prĂ©occupĂ©e par des ambitions de succès Ă©clatant dans tous les domaines (professionnel, amoureux). Elle est souvent très soucieuse de son apparence physique et vestimentaire. Dans ses relations avec les autres, elle s’attend Ă  des attentions et des privilèges, mais ne se sent pas obligĂ©e de rendre la pareille. Elle Ă©prouve colère et rage lorsqu’on ne lui accorde pas les privilèges qu’on attend. Elle exploite les autres pour atteindre ses buts. Elle Ă©prouve peu d’empathie et est peu touchĂ©e par les Ă©motions d’autrui. Les croyances fondamentales sont « Je suis un ĂŞtre exceptionnel, plus mĂ©ritant que les autres ; tout le monde me doit le respect. Â» et « Les règles ordinaires ne s’appliquent pas aux gens comme moi Â». A ce titre, la conduite automobile est un bon rĂ©vĂ©lateur de personnalitĂ©s narcissiques.

On a des traits de caractère narcissique si on pense avoir plus de charme que la moyenne des gens, si on pense que tout ce que l’on a obtenu vient de nos mérites, si on aime recevoir des compliments, si on se sent facilement jaloux.se des réussites des autres, s’il nous est déjà arrivé de tricher sans aucune gêne, si on ne supporte pas qu’on nous fasse attendre, si on pense mériter d’arriver très haut professionnellement, si on s’énerve facilement quand on nous manque d’égards, si on adore bénéficier de privilèges et de passe-droits et si on supporte mal d’obéir aux règles faites pour tout le monde.

Beaucoup de célébrités (et de commerciaux) sont des personnalités narcissiques. En effet, elles ont confiance en elles, n’ont pas de scrupules et n’ont pas peur d’échouer.

Mais Ă  force de vouloir toujours plus, les narcissiques deviennent insupportables. Les amoureux narcissiques poussent leurs partenaires Ă  bout, les patrons narcissiques (surtout dans les PME) provoquent rancoeurs et dĂ©motivation. Les narcissiques, quand ils n’atteignent pas les ambitions de leur jeunesse, souffrent plus que les autres de « la crise du milieu de vie Â».

Pour les gérer, il faut montrer son approbation à chaque fois qu’ils sont sincères, leur expliquer les réactions des autres, respecter scrupuleusement les usages et les formes, ne faire que les critiques indispensables, être très précis, être discret sur ses propres réussites et privilèges. Il ne faut pas faire de l’opposition systématique, être vigilant aux tentatives de manipulation, ne jamais accorder les faveurs que l’on ne voudra pas renouveler et ne pas s’attendre à du donnant-donnant. Avec un patron narcissique, il ne faut pas mettre son amour-propre en jeu et prendre du recul. Avec un collègue ou collaborateur narcissique, il faut faire attention à ce qu’il ne nous prenne pas notre place.

Chapitre 6 : les personnalitĂ©s schizoĂŻdes

Elles semblent souvent impassibles, dĂ©tachĂ©es, difficiles Ă  deviner, indiffĂ©rentes aux compliments ou aux critiques des autres. Elles choisissent surtout des activitĂ©s solitaires. Elles ont peu d’amis intimes, et ces amis se recrutent souvent dans le cercle familial. Elles ne recherchent pas spontanĂ©ment la compagnie des autres et ne se lient pas facilement. Leur croyance de base est « Les rapports avec les autres sont imprĂ©visibles, fatigants, source de malentendus, et mieux vaut les Ă©viter Â». Le narrateur de L’étranger de Camus est un cĂ©lèbre schizoĂŻde, de mĂŞme que Clint Eastwood et Charles Bronson dans la plupart de leurs films.

On a des traits de personnalitĂ© schizoĂŻde si on Ă©prouve le besoin impĂ©rieux d’être seul après une journĂ©e passĂ©e en compagnie de gens, si on a parfois du mal Ă  comprendre les rĂ©actions des autres, si faire de nouvelles connaissances ne nous attire pas spĂ©cialement, s’il nous arrive d’être « ailleurs Â» ou dans la lune mĂŞme en compagnie d’autres personnes, si les fĂŞtes donnĂ©es en notre honneur nous fatiguent plus qu’elles ne nous font plaisir, si nos loisirs sont surtout solitaires, si, hors cercle familial, on n’a pas plus d’un ou deux amis, si le regard des autres nous importe peu et si on n’aime pas les activitĂ©s de groupe.

Il faut respecter le besoin de solitude du schizoïde, lui proposer des situations à sa mesure, être à l’écoute de son monde intérieur et l’apprécier pour ses qualités silencieuses. Il ne faut pas exiger de lui qu’il exprime des émotions intenses, ne pas l’assommer par des conversations trop longues, mais ne pas non plus le laisser s’isoler complètement. Professionnellement, le schizoïde est meilleur expert que manager. Si vous devez dire quelque chose à un patron schizoïde, mieux vaut lui faire passer une note écrite qu’aller le voir.

Chapitre 7 : les comportements de Type A

Les Type A luttent contre le temps : impatients, soucieux d’aller toujours plus vite, ils compriment le maximum de choses Ă  faire en un temps limitĂ©. Souvent soucieux d’exactitude, ils sont intolĂ©rants Ă  la lenteur des autres. Ils ont le sens de la compĂ©tition : ils veulent toujours « gagner Â», mĂŞme dans les situations anodines de la vie courante, la conversation et les loisirs. Ils s’engagent dans l’action : ils travaillent beaucoup, prennent leurs activitĂ©s Ă  cĹ“ur et transforment leurs loisirs en tâches orientĂ©es vers un but. « Pour le Type A, tout conflit est une guerre nuclĂ©aire Â» (Ethel Roskies). Les Type A veulent arriver Ă  contrĂ´ler toutes les situations et rĂ©ussir tout ce qu’ils entreprennent. Les Type A sont impliquĂ©s dans l’action, productifs, ambitieux, combatifs, respectĂ©s pour leur travail, mobilisateurs, Ă©nergiques. Ils rĂ©ussissent leurs promotions, et leurs carrières en gĂ©nĂ©ral.

On a des comportement de Type A si on n’aime pas ĂŞtre inactif, mĂŞme en vacances, si on s’énerve souvent contre les gens trop lents, si les proches se plaignent qu’on travaille trop, si on a un sens de la compĂ©tition très dĂ©veloppĂ©, si on a tendance Ă  surcharger son emploi du temps, si on mange trop vite, si on supporte mal d’attendre, si on est toujours en train de penser Ă  ce que l’on va faire « après Â», si on a plus d’énergie que la moyenne des gens et qu’on se sent souvent pressĂ©.e par le temps. Les Type A manquent de recul (ce qui les fait parfois stagner), ont du mal Ă  ralentir, sacrifient leur vie familiale (les conflits conjugaux sont frĂ©quents), sont conflictuels, autoritaristes et dĂ©courageants pour les autres.

Le problème, c’est le stress (et ses trois composantes, psychologique, physiologique et comportementale) infligĂ© Ă  l’organisme. Le stress du Type A est plus intense, plus prolongĂ© et plus frĂ©quent que la moyenne. Plus il avance en âge, moins bien il rĂ©cupère et plus il risque la « surchauffe Â» et les problèmes de santĂ© (notamment cardiaques). Relaxation, entraĂ®nement Ă  la communication, travail sur les pensĂ©es, diĂ©tĂ©tique appropriĂ©e, arrĂŞt du tabac, exercice physique rĂ©gulier et loisirs rĂ©guliers sont conseillĂ©s aux Types A. On peut vĂ©rifier que le stress baisse par la baisse du rythme cardiaque et de la tension artĂ©rielle.

Avec les Type A, il faut ĂŞtre fiable et exact, s’affirmer chaque fois qu’ils tentent de nous mettre sous contrĂ´le. Il faut les aider Ă  relativiser et leur faire dĂ©couvrir les joies de la dĂ©tente. Il ne faut ni nĂ©gocier avec eux « Ă  chaud Â», ni se laisser entraĂ®ner dans des compĂ©titions inutiles, ni dramatiser les conflits avec eux. Avec un chef Type A, il s’agit de gagner le respect par l’efficacitĂ©, mais de ne pas le laisser nous imposer son rythme. Avec un collègue ou collaborateur type A, il s’agit de le ralentir avant qu’il ne craque ou ne nous supplante.

Chapitre 8 : les personnalités dépressives

Ces personnalitĂ©s sont pessimistes : elles voient avant tout le cĂ´tĂ© sombre et les risques possibles des situations, minimisent le positif et surĂ©valuent le nĂ©gatif. Elles sont d’humeur triste et morose, mĂŞme en l’absence d’évĂ©nements dĂ©favorables. Elles souffrent d’anhĂ©donie : elles Ă©prouvent peu de plaisir, mĂŞme dans les activitĂ©s ou situations habituellement considĂ©rĂ©es comme agrĂ©ables (loisirs, Ă©vĂ©nements heureux). A force de ne pas Ă©prouver de plaisir, elles ne parviennent mĂŞme pas Ă  l’anticiper. Pratiquant l’autodĂ©valorisation, elles ne se sentent pas Ă  la hauteur. Elles se sentent inaptes ou coupables, mĂŞme si les autres les complimentent. Elles se rĂ©pètent « Je ne suis pas Ă  la hauteur Â», « Le monde est dur et injuste Â» et « Les choses vont mal tourner Â» : c’est la « triade dĂ©pressive Â» d’A.T. Beck (1979).

On a des traits de personnalité dépressifs si on croit moins aimer la vie que la plupart des gens, si parfois on préférerait n’avoir jamais existé, si on nous reproche souvent de voir les choses en noir, s’il nous est déjà arrivé de ne ressentir aucune joie dans des situations pourtant heureuses, si on a parfois l’impression d’être un fardeau pour ses proches, si on se sent facilement coupable, si on a tendance à ruminer ses échecs passés, si on se sent souvent inférieur.e aux autres, si on est souvent fatigué.e et sans énergie et si on remet à plus tard ses loisirs, alors même qu’on aurait le temps et les moyens d’en profiter au moment présent.

Si le trouble dĂ©pressif dure plus de deux ans, il est appelĂ©e « dysthymie Â». La moitiĂ© des dysthymies commence avant 25 ans et dure indĂ©finiment. La dysthymie touche deux fois plus les femmes que les hommes. Elle est souvent aussi associĂ©e aux personnalitĂ©s dĂ©pendantes ou Ă©vitantes.

HĂ©rĂ©ditĂ© et Ă©ducation (trop stricte et culpabilisante) se conjuguent pour crĂ©er des personnalitĂ©s dĂ©pressives. PsychothĂ©rapies (d’orientation psychanalytique, cognitives ou interpersonnelles) et antidĂ©presseurs (mĂŞme s’il faut parfois du temps pour trouver le bon et qu’ils ne font pas effet avant 3 semaines) sont utiles, mais hĂ©las ces personnalitĂ©s les rejettent souvent : pour elle, leur Ă©tat ne relève pas d’une maladie mais de leur simple « caractère Â» ; tant qu’elles arrivent Ă  se maintenir Ă  flot dans la vie, elles ne voient pas oĂą est le problème ; elles croient au pouvoir de la « volontĂ© Â» ; elles ne croient ni Ă  la mĂ©decine ni Ă  la psychologie en ce qui les concerne ; elles sont tellement habituĂ©es Ă  se sentir mal qu’elle n’arrivent mĂŞme pas Ă  imaginer qu’elles pourraient se sentir bien ; elles se revalorisent elles-mĂŞmes en se donnant une image de « dure au mal Â» ; et leurs difficultĂ©s leur donnent quelques compensations (attention de l’entourage, culpabilisation des enfants qui ne viennent pas les voir…).

Pour gĂ©rer une personnalitĂ© dĂ©pressive, il faut, par des questions, attirer son attention sur le positif (« Oui, ton nouvel emploi va ĂŞtre un peu stressant au dĂ©but, mais il va aussi ĂŞtre plus intĂ©ressant, non ? Â»), l’entraĂ®ner dans des activitĂ©s agrĂ©ables et Ă  sa mesure, lui montrer notre considĂ©ration et l’inciter Ă  consulter. Il ne faut par contre surtout pas lui dire de se secouer, lui faire la morale ou se laisser entraĂ®ner sans son marasme. Avec un patron dĂ©pressif, il s’agit de vĂ©rifier soi-mĂŞme rĂ©gulièrement la santĂ© de l’entreprise. Collègues et collaborateurs dĂ©pressifs doivent ĂŞtre complimentĂ©s Ă  chaque fois qu’ils sont positifs.

Chapitre 9 : les personnalités dépendantes

Elles ont besoin d’être rassurĂ©es et soutenues par les autres : elles sont rĂ©ticentes Ă  prendre des dĂ©cisions sans rĂ©assurance et laissent souvent les autres prendre ces dĂ©cisions importantes pour elles. Elles ont du mal Ă  initier des projets (suivant plutĂ´t le mouvement), elles n’aiment pas se retrouver seules, ou faire des choses seules. Elles craignent Ă©galement la perte de lien : elles disent toujours « oui Â» par peur de dĂ©plaire, sont blessĂ©es ou anxieuses si on les critique ou si on les dĂ©sapprouve, acceptent des besognes ingrates pour se rendre agrĂ©ables aux autres et sont très perturbĂ©es par les ruptures. Quand elles rencontrent de nouvelles personnes ou de nouveaux groupes, elles passent par trois phases : une phase d’accrochage (elles font des efforts pour qu’on les accepte), une phase « heureuse Â» de dĂ©pendance (elles se reposent sur le groupe en lui faisant prendre les dĂ©cisions Ă  leur place) et une phase de vulnĂ©rabilitĂ© (elles prennent conscience de leur dĂ©pendance et se mettent Ă  angoisser en pensant Ă  ce qui arriverait si la relation s’arrĂŞtait). Pour elles, « On n’arrive Ă  rien si on est seul Â» et « Les autres sont plus forts que nous-mĂŞmes et, s’ils sont bienveillants, ils peuvent nous aider Â». Le dĂ©pendant est convaincu qu’il ne peut pas ĂŞtre autre chose qu’un suiveur, un « porteur d’eau Â».

Ont des traits de personnalité dépendante ceux qui demandent l’avis des autres avant de prendre des décisions importantes, ceux qui ont du mal à terminer les conversations ou à prendre congé, ceux qui ont souvent des doutes sur leur valeur, ceux qui suivent le mouvement (et ne proposent que rarement des activités, sujets de conversation ou idées), ceux qui ont besoin de pouvoir compter sur des personnes très proches, ceux qui sont capables de se sacrifier pour les autres, ceux qui cachent souvent leurs opinions par peur des conflits, ceux qui n’aiment pas perdre les gens de vue ou s’en séparer, ceux qui sont très sensibles aux désaccords et aux critiques et ceux à qui on dit souvent qu’ils méritent mieux que ce qu’ils ont.

Obélix et le capitaine Haddock, personnages de bande dessinée, ont de nombreux traits de personnalité dépendante.

La dĂ©pendance fait partie de la nature humaine, et l’opposition dĂ©pendance/autonomie arrive très tĂ´t au cĹ“ur du psychisme humain. Il faut lire Ă  ce sujet les ouvrages de Michael Balint, qui distingue l’« ocnophilie Â» (nous ne pouvons pas satisfaire nos besoins seuls mais nous pouvons obtenir des autres qu’ils nous y aident) et le « philobatisme Â» (le monde est dĂ©cevant et dĂ©pendre des autres est le pire danger qui soit). En littĂ©rature, Dom Juan est, avec les femmes, un philobate, alors que Tristan (envers Iseut et le roi Marc) est un ocnophile.

Facteurs biologiques, attitudes parentales (parents insécurisants ou surprotecteurs), attitudes éducatives et événements de vie (séparations prolongées avec l’un des deux parents, ou les deux) favoriseraient les personnalités dépendantes.

Parfois, la dépendance se cantonne à un domaine (par exemple, la vie sentimentale). Elle induit parfois aussi la complaisance (qui cache un besoin affectif intarissable).

Au stade pathologique, la dĂ©pendance pose comme problème les exigences importantes du sujet envers son entourage. Les dĂ©pendants « choisissent Â» souvent des conjoints Ă©galement pathologiques, dominateurs et agressifs. Et Ă  force de se persuader qu’ils ne sont rien sans les autres, les dĂ©pendants finissent effectivement, Ă  force d’éviter les initiatives, les risques et les conflits, par le devenir.

Si votre patron est un dépendant, devenez son indispensable bras droit… et demandez une augmentation. Si c’est votre collègue ou collaborateur, renvoyez-le gentiment à ses responsabilités.

Chapitre 10 : les personnalités passives-agressives

Une personnalitĂ© passive-agressive rĂ©siste habituellement aux exigences des autres dans les domaines professionnel ou personnel. Elle discute exagĂ©rĂ©ment les ordres et critique les figures d’autoritĂ©. De manière dĂ©tournĂ©e, elle est volontairement inefficace : elle fait traĂ®ner les choses, boude, « oublie Â» et se plaint (d’être incomprise, mĂ©prisĂ©e ou injustement traitĂ©e). Pour elle, « se soumettre est une dĂ©faite Â» et « on risque trop Ă  dire ce que l’on pense Â».

On a des traits de personnalité passifs-agressifs si on pense que la plupart des chefs ne méritent pas de l’être et si on leur en veut en permanence, si on supporte mal d’avoir à obéir à quelqu’un, s’il nous est souvent arrivé de laisser traîner voire de saboter volontairement un travail parce qu’on en voulait à la personne qui nous l’avait demandé, si on nous reproche de bouder (ou si on ne donne plus signe de vie à un proche après une dispute), s’il nous est arrivé de ne pas aller à une réunion en prétextant après coup ne pas avoir été mis au courant de l’horaire, si on ne fait que ce que l’on nous demande gentiment, si on ralentit proportionnellement à ce qu’on nous presse.

Nous pouvons tous avoir occasionnellement des comportements passifs-agressifs (surtout à l’adolescence), mais les personnalités véritablement passives-agressives sont plus difficiles à repérer.

En entreprise, ce comportement est quasiment suicidaire. Si votre patron est un passif-agressif, changez d’entreprise avant qu’il ne vous entraîne dans sa chute.

Pour composer avec ce type de personnalité, il faut être aimable, lui demander son avis chaque fois que c’est possible, l’aider à s’exprimer directement et lui rappeler les règles du jeu. Il ne faut surtout pas feindre de ne pas remarquer son opposition, ne pas la critiquer comme le ferait un parent et ne pas se laisser entraîner dans le jeu des représailles réciproques.

Chapitre 11 : les personnalités évitantes

Une personnalitĂ© Ă©vitante est hypersensible : elle a peur du ridicule, peur d’être critiquĂ©e ou moquĂ©e. Elle Ă©vite d’entrer en relation avec les gens tant qu’elle n’est pas assurĂ©e de leur bienveillance inconditionnelle. Elle Ă©vite les situations oĂą elle craint d’être blessĂ©e ou embarrassĂ©e (nouvelles rencontres, poste en vue, dĂ©veloppement d’une relation intime). Elle a une faible estime d’elle-mĂŞme, sous-Ă©value ses capacitĂ©s et dĂ©valorise ses rĂ©sultats. Par peur de l’échec, elle se maintient dans un rĂ´le effacĂ©, ou Ă  des postes infĂ©rieurs Ă  ses capacitĂ©s. Elle pense « Je suis infĂ©rieure Â» et « Au contact des autres, je pourrais ĂŞtre blessĂ©e Â».

Ces personnalitĂ©s sont de deux types : certains Ă©vitants sont « simplement Â» de grands anxieux, et d’autres sont en plus très susceptibles. Ce qui diffĂ©rencie les deux se joue probablement dans l’enfance, au niveau de la relation avec les parents.

Quand la personnalitĂ© Ă©vitante devient maladie, la phobie sociale (qui diffère de l’anxiĂ©tĂ© sociale « normale Â» Ă©prouvĂ©e par tous dans certaines situations) guette. L’individu Ă©prouve une anxiĂ©tĂ© intense, et Ă©vite systĂ©matiquement certaines situations. La crainte d’être jugĂ© et rejetĂ© est permanente.

On a des traits de personnalité évitants si on refuse des invitations par peur de se sentir mal à l’aise, si on est plus souvent choisi.e par ses amis que l’inverse, si on préfère souvent se taire par peur de dire des choses inintéressantes, si on préfère ne plus jamais revoir quelqu’un devant qui on a été ridicule, si on est moins à l’aise en société que la plupart des gens, si par timidité on a manqué plusieurs occasions dans sa vie personnelle et professionnelle, si on ne se sent à l’aise qu’en famille ou avec de vieux amis, si on a souvent peur de décevoir, de paraître inintéressant, si on trouve très difficile d’engager la conversation avec une nouvelle connaissance, si on consomme parfois alcool ou anxiolytiques pour se sentir mieux avant de rencontrer des gens.

Comme dans tous les autres cas, la gĂ©nĂ©tique et les expĂ©riences Ă©ducatives sont en cause, mais la part de l’acquis et de l’innĂ© est difficile Ă  dĂ©terminer. Par contre, ce type de personnalitĂ© se soigne assez bien : les antidĂ©presseurs (surtout le Prozac) sont souvent efficaces. Mais ils peuvent augmenter l’anxiĂ©tĂ© et ne dispensent pas toujours d’une psychothĂ©rapie.

Avec les personnalités évitantes, il faut proposer des objectifs de difficulté très progressifs, leur montrer que leur avis nous importe et que l’on accepte la contradiction. Si on veut les critiquer, il faut commencer par les complimenter, et, dans la critique, ne cibler qu’un comportement. Il faut les assurer de la constance de notre soutien et les inciter à consulter. Il ne faut ni ironiser à leur propos ni s’énerver, et ne pas non plus les laisser se dévouer pour toutes les corvées.

Les patrons Ă©vitants se retrouvent principalement dans les administrations publiques.

Chapitre 12 : les autres personnalités

Il existe des formes mixtes de personnalitĂ© : la personnalitĂ© narcissique-histrionique par exemple cumule le comportement théâtral et sĂ©ducteur de l’histrionique avec le sentiment de supĂ©rioritĂ© et la susceptibilitĂ© du narcissique. Ce type de personnage de « diva Â» est frĂ©quent dans les sĂ©ries sentimentales amĂ©ricaines, friandes de scènes de sĂ©duction et de disputes impitoyables. La personnalitĂ© Ă©vitante-dĂ©pendante est Ă©galement frĂ©quente.

Mais d’autres types de personnalité difficiles existent. Ces personnalités sont à éviter.

La personnalitĂ© antisociale (ou sociopathe) rejette les règles et les lois de la vie en sociĂ©tĂ©, est impulsive, et ressent très peu (voire jamais) de culpabilitĂ©. Les sociopathes ont le contact facile et sont souvent drĂ´les, mais instabilitĂ© et inconsĂ©quence dominent. La devise est « Si tu as envie de quelque chose, prend-le tout de suite ! Â» Ils sont parfois sĂ©ducteurs, convaincants. Cette personnalitĂ© est trois fois plus frĂ©quente chez les hommes que chez les femmes. Certains milieux encouragent ces tendances. Les hommes antisociaux sont souvent en couple avec des femmes dĂ©pendantes, car ce sont les seules Ă  supporter leurs frasques. Beaucoup de prisonniers de droit commun ont des personnalitĂ©s sociopathes. Les sociopathes sont très apprĂ©ciĂ©s au cinĂ©ma. Dans la vie, beaucoup moins.

La personnalitĂ© borderline se caractĂ©rise par une humeur très instable, de la colère au vide. Elle vit en Ă©tat de crise quasi permanente. Avec leur entourage, les personnalitĂ©s borderline alternent demandes d’amour et d’aide envahissantes et fuites brutales. Leur image d’elles est incertaine, elles ne savent pas de quoi elles ont besoin. Elles changent souvent de caps (sentimentaux, professionnels…), ont souvent des conduites Ă  risque. De toutes les personnalitĂ©s difficiles, ce sont celles qui ont le taux de suicide le plus Ă©levĂ©. Beaucoup ont subi des violences ou des abus sexuels pendant l’enfance. On trouve souvent aussi du stress post-traumatique. Le thĂ©rapeute doit impĂ©rativement trouver avec elles la bonne distance.

Les personnalitĂ©s schizothypiques sont, par rapport Ă  leur groupe culturel, « bizarres Â» : solitaires, mĂ©fiantes, elles sont attirĂ©es par les croyances Ă©sotĂ©riques, les religions orientales, les croyances « new age Â»â€¦ Elles croient en la rĂ©incarnation, aux phĂ©nomènes paraormaux, aux extraterrestres… Il y a des liens entre schizothypie et schizophrĂ©nie (les schizophrènes perdant eux complètement contact avec la rĂ©alitĂ©). Il faut les traiter comme des personnalitĂ© schizoĂŻdes, mais rien ne vaut l’assistance d’un professionnel, car les risques de dĂ©pression et de suicide sont rĂ©els.

Les personnalitĂ©s sadiques se caractĂ©risent par des comportements et attitudes (autorisĂ©s ou non par la loi) destinĂ©s Ă  dominer et Ă  faire souffrir autrui, non pour atteindre un but mais par plaisir. Certaines pĂ©riodes de l’histoire et certaines civilisations ont valorisĂ© ce type de personnalitĂ©. Près d’une fois sur deux, ce trouble de la personnalitĂ©, se dĂ©clarant souvent Ă  l’adolescence et Ă  Ă©crasante majoritĂ© masculin, est associĂ© Ă  un autre trouble (souvent trouble paranoĂŻaque, narcissique et antisocial). Le sadisme existe cependant en chacun et peut se « rĂ©veiller Â» en certaines circonstances.

Les personnalitĂ©s Ă  conduite d’échec sont matière Ă  controverse. On parle en rĂ©alitĂ© plus volontiers de « comportements Â» d’échec. Ces comportements -souvent associĂ©s aux personnalitĂ©s borderline, dĂ©pendante, Ă©vitante et passive-agressive- visent Ă  l’auto-sabotage : les personnes Ă  conduite d’échec ne se prĂ©sentent pas Ă  des examens pourtants bien prĂ©parĂ©s, choisissent des conjoints brutaux pour lesquels elles se sacrifient, se maintiennent dans des emplois sous-qualifiĂ©s et sous-payĂ©s, manquent des promotions pourtant acquises… L’entourage pense « Mais ce n’est pas possible, elle le fait exprès Â» ! Â» Et c’est effectivement le cas.

Il existe aussi le cas des personnalités modifiées par un événement traumatique, comme par exemple le syndrome KZ (syndrome du survivant), qui consiste en de l’anxiété, un désintérêt, un retrait social, un émoussement affectif, des troubles du sommeil, un sentiment chronique d’être toujours menacé. On l’observe chez les vicimes d’agressions, les survivants de catastrophes, d’accidents graves, d’attentats… Violences et dénutrition sévère (subies dans les camps de concentration ou de prisonniers par exemple) contribuent à ses troubles. Diagnostic précoce et prise en charge immédiate après un traumatisme sont indispensables pour prévenir ce syndrome.

Il existe aussi des personnalitĂ©s multiples. Le patient atteint prĂ©sente une personnalitĂ© « hĂ´te Â» (correspondant Ă  son identitĂ© sociale), et entre quatre et neuf autres. Le facteur dĂ©clenchant se trouve presque toujours dans un Ă©vĂ©nement traumatique dans l’enfance, souvent un inceste, ou une situation impliquant un risque vital et dans lequelle l’enfant « sort de lui-mĂŞme Â» (parfois jusqu’à la transe et l’hypnose). Il y a ressemblance avec la personnalitĂ© borderline. Les comportements sont impulsifs et autodestructeurs. Les personnes atteintes font parfois des fugues dissociatrices : durant les quelques jours oĂą elles fuguent, elles adoptent une autre personnalitĂ©, pour retrouver leur personnalitĂ© habituelle en rentrant chez elles. L’hypnose est une technique thĂ©rapeutique possible.

Chapitre 13 : les origines des personnalités difficiles

La frontière entre l’acquis et de l’inné est difficile à tracer. De nombreuses théories existent, mais peu d’observations sont vérifiées.

Certains traits de personnalitĂ©s semblent hĂ©rĂ©ditaires. Les Ă©tudes de jumeaux, d’adoption et familiales semblent le prouver. Mais la tradition judĂ©o-chrĂ©tienne (« L’homme a toujours son libre arbitre Â»), la tradition rĂ©publicaine (« C’est l’éducation qui fait l’individu Â»), la tradition psychanalytique (« Tout vient de l’enfance Â») et le souvenir douloureux de certaines pĂ©riodes historiques (nazisme) font que cette thĂ©orie choque toujours beaucoup.

L’étude de Livesley et de ses collaborateurs, « Genetic and Environmental Contributions to Dimension of Personality Disorders Â», publiĂ©e dans l’American Journal of Psychiatry en 1993, montre que l’hĂ©rĂ©ditĂ© jouerait une part importante (plus de 45%) dans l’apparition de certaines caractĂ©ristiques (particulièrement le narcissisme, les problèmes d’identitĂ©, le sadisme…) . Mais cela laisse Ă  l’éducation l’autre moitiĂ© de l’influence possible, sauf entre autres pour les traits obsessionnels dans lesquels l’hĂ©rĂ©ditĂ© ne compterait qu’à hauteur de 39%. Les benjamins de fratries (ou ceux qui ont eu des maladies chroniques dans l’enfance) font plus souvent que les autres des dĂ©pendants.

L’environnement semble aussi avoir une influence : caractĂ©ristiques sociodĂ©mographiques de la famille, deuils prĂ©coces, maladies graves, violences conjugales, maltraitances, abus sexuels, style d’éducation et de communication au sein de la famille entrent en ligne de compte. Cela semble particulièrement vrai pour les personnalitĂ©s schizotypiques.

Au niveau du rapport entre génétique et environnement, les données sont encore disparates. Mais par exemple, on trouve plus de dépressifs dans la parenté des personnalités borderline que dans une population-témoin.

Conclusion : personnalitĂ©s difficiles et changements

Vivre, c’est s’adapter tout en restant soi-mĂŞme. Mais comment se changer ?  C’est particulièrement difficile. On pense souvent « J’ai toujours Ă©tĂ© comme ça ! Â», « Un problème ? Quel problème ? Â», « C’est plus fort que moi ! Â», « J’ai de bonnes raisons pour agir ainsi… Â» ou « C’est ma personnalitĂ© Â».

Les personnes aux personnalités difficiles sont plus souvent ego-syntoniques (tolérantes à leurs symptômes et résistantes au changements) qu’ego-dystoniques (conscientes de leurs symptômes et désireuses de changer). Il faut souvent beaucoup de difficultés (jusqu’à la dépression), d’échecs, de pression des proches et de souffrance (chez les paranoïaques, narcissiques et Type A par exemple) pour qu’elles se remettent en question.

Le changement arrive souvent par l’entourage, mais ces pressions sont aussi souvent mal vĂ©cues, et sources de problèmes. On ne peut que conseiller Ă  l’entourage de comprendre, d’accepter (la personnalitĂ© difficile ne se comporte pas de façon problĂ©matique par plaisir mais par peur –d’être abandonnĂ©e, incomprise, agressĂ©e etc.) et d’éviter les interprĂ©tations sauvages (« Mon pauvre, c’est sĂ»rement Ă  cause de ton enfance que tu es comme ça ! Â»).

Il faut respecter la difficulté à changer, car le processus de démolition/reconstruction est long et douloureux, et les rechutes fréquentes. Il faut aussi accepter que le changement soit lent, imparfait et incomplet (et ne pas par exemple exiger un changement rapide, puis tout laisser tomber). Naturellement, il faut s’adresser à la personne sans lui faire la morale (les personnalités rigides ayant déjà des visions des choses rigides et normatives, inutile d’en rajouter), et mettre plutôt l’accent sur les difficultés occasionnées par le comportement (en exprimant ses besoins et ses limites). Il faut décrire (le comportement qui pose problème) plutôt que juger (la personne). Il ne faut pas non plus par contre compatir, entrer dans son jeu ou céder sur l’essentiel, car sinon, on apprend à la personnalité difficile qu’il suffit de s’obstiner pour obtenir ce qu’elle veut.

Les mĂ©dicaments (mĂŞme si leurs ressorts sont parfois mal connus et leur efficacitĂ© variable) soulagent globalement les souffrances, sans donner aux personnalitĂ©s difficiles la sensation que leur personnalitĂ© a Ă©tĂ© modifiĂ©e. Et on ignore en rĂ©alitĂ© si les mĂ©dicaments peuvent effectivement modifier les personnalitĂ©s : Ă  ce sujet, le dĂ©bat fait rage. Une autre question consiste Ă  se demander si les patients veulent un tratement parce ce qu’ils souffrent et font souffrir, ou parce qu’ils ne sont pas assez performants dans le type de sociĂ©tĂ© qui est le nĂ´tre.

Au niveau des psychothérapies, deux grands courants existent. Les thérapies psychodynamiques (type psychanalyse) sont surtout centrées sur le passé (ou sur l’interface passé/présent) et vers la reviviscence et la compréhension des événements importants de l’histoire personnelle du patient. Le thérapeute est neutre et délivre au patient peu d’informations sur ses troubles, et sa thérapie. L’objectif et la durée ne sont pas déterminés. On vise la modification de la structure psychique sous-jacente (laquelle permet ensuite la modification des symptômes et des conduites) du patient.

Les thérapies comportementales et cognitives sont surtout centrées sur le présent, tournées vers l’acquisition de compétences à gérer les difficultés du présent. Le thérapeute est interactif et délivre au patient beaucoup d’informations. L’objectif et la durée sont déterminés. L’objectif principal est la modification des symptômes et des conduites (dont on pense qu’elle modifiera à son tour ensuite les structures psychiques plus profondes).

Il y a également les psychothérapies interpersonnelles (développées depuis les années 70, suite aux travaux du psychiatre américain Adolf Meyer), qui partent du principe que le dysfonctionnement des liens interpersonnels (le patient avec autrui) est la cause des problèmes. Le patient apprend à identifier ses sources d’insatisfaction relationnelle, à modifier son style habituel de réaction aux situations-problèmes, à développer des échanges gratifiants avec l’entourage et à gérer les conflits et problèmes relationnels.

Les thĂ©rapies cognitives nous semblent les plus indiquĂ©es. Ces thĂ©rapies sont essentiellement pragmatiques et empiriques : leur point de dĂ©part est l’observation attentive et exhaustive des situations dans lesquelles les difficultĂ©s apparaissent.

Les cognitivistes se penchent sur notre vision du monde, nos constellations de croyances (par exemple « Les gens me doivent de l’attention Â») et nos règles personnelles.  Ils Ă©tudient nos « situations-gâchettes Â» (« dĂ©marreurs Â»), nos scĂ©narios stĂ©rĂ©otypĂ©s. Par exemple, la situation-gâchette d’un schizoĂŻde est la promiscuitĂ© ou le rapprochement forcĂ©, et sa rĂ©ation stĂ©rĂ©otypĂ©e est l’isolement et l’absence d’intĂ©rĂŞt pour les autres. A partir de la situation-gâchette (par exemple, un conflit avec le conjoint), le cognitiviste aide le patient Ă  identifier l’émotion qu’il ressent (par exemple l’inquiĂ©tude) puis la cognition associĂ©e (« Il ne fait plus aucun effort Ă  mon Ă©gard Â»). Enfin, il amène le patient Ă  prendre conscience que ces cognitions ne sont pas des faits mais seulement des hypothèses, et aide le patient Ă  imaginer des hypothèses alternatives. Il ne cherche pas Ă  changer les convictions du patient mais seulement Ă  les assouplir.

Le thĂ©rapeute cognitiviste est un « socratique Â» (le philosophe grec Socrate « accouchait les âmes Â» de ses disciples) : il aide Ă  la prise de conscience et propose. Il est Ă  la fois actif et interactif, exigeant et prescriptif, explicite et pĂ©dagogue. Comme le psychanalyste, il est attentif au phĂ©nomène du « transfert Â». C’est aussi un comportementaliste qui peut donner au patient des « Ă©preuves de rĂ©alitĂ© Â». Il peut par exemple demander Ă  un patient anxieux de partir en week-end sans prĂ©paration (pour lui dĂ©montrer que « le pire n’est pas toujours possible Â»), Ă  un obsessionnel de ne tondre sa pelouse qu’à moitiĂ© (pour infirmer sa croyance selon laquelle « Si tout n’est pas parfait, c’est la catastrophe Â»)… Il expose le patient Ă  ce que celui-ci redoute. Pour amĂ©liorer les « compĂ©tences sociales Â» de ses patients, il pratique aussi les jeux de rĂ´le. Il demande par exemple aux narcissiques de poser des questions et d’écouter leurs interlocuteurs, montre aux passifs-agressifs qu’on peut exprimer un dĂ©saccord avec le sourire et les yeux dans les yeux…

Le chemin est rocailleux. La durée habituelle de ces thérapies cognitivo-comportementales et de deux à trois ans. Leur efficacité semble avérée, mais il faut rester prudent, car les conditions dans lesquelles les études ont été faites sont différentes des conditions normales dans lesquelles se déroulent les thérapies. Les thérapeutes doivent être expérimentés et capables de maintenir la motivation de leurs patients.